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mai 2025

Burn-out : Vos 12 étapes vers l'épuisement (et le test qui vous éclaire)

Chapitre 3 : Suis-je en burnout ? Comment le savoir ?

Dans mon précédent post, je posais la question : qu’est-ce que le burn-out, au juste ?
Mettre des mots dessus, c’est essentiel.

Mais vient ensuite une autre interrogation :

  • Suis-je en train de basculer dans le burn-out ?
  • Comment savoir si je frôle l’épuisement professionnel ?
  • Quels sont les signes qui montrent que j’ai dépassé mes limites ?

Le burn-out n’arrive pas d’un coup. C’est un processus insidieux, qui avance par étapes : besoin de prouver sa valeur, surcharge, négligence de soi, isolement, perte de sens… jusqu’à l’effondrement.

La réalité ? Beaucoup attendent trop longtemps avant d’écouter les signaux. Certains cachent leurs symptômes par peur du jugement ou d’être vus comme “faibles”. Jusqu’au jour où c’est le corps qui dit stop.

Bonne nouvelle : il existe des outils simples pour se situer. Un miroir utile pour oser faire le point, et si besoin, demander de l’aide.

Et vous, avez-vous déjà ressenti ces signaux ? Savez-vous dire où vous en êtes par rapport à l’épuisement professionnel ? Faites le test (Burnout Assessment) qui se trouve à la fin de cet article.

Surcharge de travail ou burn-out ?

Vous entendez des personnes dire : « Je suis en burnout ». Mais de quoi parlent-elles vraiment ?

Il est important de ne pas réduire l’épuisement professionnel à une surcharge de travail. Ces derniers sont généralement limités aux aspects physiques. Le phénomène du burnout est plus complexe. Il comprend une perte d’énergie globale qui affecte le physique, le moral et les comportements.
Le burnout, ce n’est pas juste quinze jours d’arrêt. C’est ce moment où, pendant des mois, vous n’arrivez plus à fonctionner. Où, à moment donné votre corps a dit stop, brutalement.

Géraldine, 45 ans, me partage : « ton corps te dit merde, tu es couchée dans ton lit, regarde par la fenêtre et tu regardes la neige tomber…».

Par contre avant d’en arriver la , il y a des étapes et des signaux à sentir.

Le burnout : un processus, pas un coup de tonnerre

Et si l’on arrêtait de croire que le burnout tombe du ciel ?
Il s’installe, doucement, insidieusement. Le créateur du concept, Freudenberger, a examiné et décrit sa propre expérience de l’épuisement : douze étapes qui forment un cycle.

Pourquoi est-ce important ? Parce que comprendre ce chemin, c’est vous donner une chance d’agir avant l’effondrement.

Les 12 étapes :

  1. Besoin de faire vos preuves : implication intense, attentes élevées.
  2. Engagement renforcé : prise en charge de plus de tâches, sentiment d’être indispensable.
  3. Négligence de soi : isolement, sommeil perturbé.
  4. Refoulement : fatigue persistante, erreurs, évitement.
  5. Révision des valeurs : tout devient performance, même dans la vie privée.
  6. Déni : les signaux physiques sont ignorés.
  7. Retrait : performances en chute, frustration, symptômes psychosomatiques.
  8. Changements : isolement, rigidité, baisse d’initiative.
  9. Perte de soi : dépersonnalisation, effondrement du lien social.
  10. Vide intérieur : crises d’angoisse, perte de sens.
  11. Dépression : désespoir, retrait, pensées sombres.
  12. Burnout total : effondrement physique, mental, émotionnel. Danger vital.

La question est simple : à quel stade vous situez-vous ?

Bien sûr la vie n’est pas si incrémentale que cette liste mais c’est au moins une indication de progression

Chacun traverse ces étapes à son rythme. C'est ce qui fait que le burnout est difficile à diagnostiquer de façon homogène. Vous pouvez progresser différemment à travers ces étapes, sauter des phases, ou les vivre avec une intensité variable.

Avec les injonctions "sois parfait" et "sois fort" vous allez peut être nier ou repousser certains symptômes. Avec l'injonction "fais plaisir", vous allez vous sur-adapter et ne pas savoir dire stop pour poser vos limites. Sans vigilance pour vous-même vous progressez sur l'échelle des 12 étapes.

Pourquoi est-ce insidieux ?


Certaines personnes réalisent seulement au stade 12. D’autres sentent le basculement bien plus tôt : fatigue chronique, cynisme, perte de sens.

Alors quand quelqu’un dit « Je suis en burnout »… de quel stade parle-t-il vraiment ?
Et surtout : combien de temps a-t-il ignoré les signaux avant d’entendre son corps dire stop ?

On pourrait dire, en simplifiant :

·       le burnout le plus avancé correspond à l’étape 12,

·       un burnout diagnostiqué médicalement se situe généralement entre les étapes 8 et 12 (selon l’évaluation du spécialiste car il n’y a pas de consensus sur ce sujet),

·       et dès les étapes antérieures, des arrêts de travail justifieraient une prise de recul pour éviter un burnout ou un phénomène d’épuisement professionnel.

De mon expérience, aux stades 8 et antérieurs, beaucoup de personnes cachent leurs symptômes à leur entourage professionnel par peur d’être cataloguées « en burnout ». Elles craignent qu’on leur dise simplement : « prends tes jours de maladie et reviens nous en forme », sans véritable solution et avec la crainte que « cela passera une fois mais pas deux, car pendant l’absence ce sont les collègues qui devront endurer la charge de travail ». Et dans un environnement compétitif où les collègues souffrent aussi, elles redoutent d’être vues comme « faible » ou « des poids morts pour le service ».

Et vous, oseriez-vous en parler… ou auriez-vous la même crainte ?

A partir du stade 8 il est de plus en plus difficile de se cacher. L'état physique et psychique auquel on est à ce stade est difficilement compatible avec le travail. Généralement votre entourage vous interpelle, que ce soit un collègue ou un proche de votre environnement familial. J'ai en tête l'image d'un boxeur pour qui l'entraineur jette l'éponge sur le ring afin d'arrêter le match.

Au stade 12 c’est votre corps qui prend la décision finale pour vous. Je m'abstiendrai d'une nouvelle métaphore ...

Ce qui fait la différence

  • Prévenir dès les premiers signaux, pas attendre l’effondrement.
  • Être entouré d’un environnement bienveillant, au travail comme dans la vie personnelle.
  • Être accompagné par un spécialiste formé à reconnaître ces dynamiques invisibles.

Le vrai enjeu pour les équipes performantes ? Créer des environnements où il est normal de dire « ça ne va pas », soutenable de lever le pied, et acceptable de demander de l’aide. Dans ce cas il s’agit de créer une culture d’apprentissage et d’intelligence collective avec intégration de la diversité de chacun. Mais vous allez me dire que ce n'est pas possible ou que votre boite n’a pas le temps pour cela car il y a trop de contraintes organisationnelles. Et si vous aviez le choix…que feriez-vous ?

Existe-t-il un test pour évaluer si je suis en burnout ?

Oui. Et il y en a plusieurs.

Le premier test est l’écoute de votre corps.

Ensuite le test cognitif que je propose ci-dessous est le BAT (Burnout Assessment Tool).
À ce jour, c’est le test que je recommande pour évaluer les plaintes liées à l’épuisement professionnel. Il en existe d'autres de qualité mais celui-ci est complet et pratique à la fois . En plus il a été fait par des compatriotes belges ;-). C’est un autre débat mais je dirais que la question du burnout touche également les sensibilités culturelles (qu’en pensez-vous ?).

Si vous souhaitez une alternative, le test le plus utilisé dans le monde est américain, c'est le Maslach Burnout Inventory (MBI). Vous y trouverez les différentes formes (MBI‑HSS pour professionnels des services humains, MBI‑ES pour enseignants, MBI‑GS usage général, MBI‑GS‑S pour étudiants, etc.) ainsi que des options d’achat, de licence ou d’administration numérique 

Utilisez ces outils, mais avec du recul. Et si un doute persiste : parlez-en, partagez vos ressentis avec un professionnel qualifié. Rien ne remplace un échange humain.

Le Burnout Assessment Tool, c’est quoi ?

Un outil d’évaluation, pas un diagnostic.
Il mesure vos plaintes, pas les causes.
Il ne dit pas si vous êtes dépressif, accro au travail ou désengagé.
Pour un vrai diagnostic ? Il faut une évaluation approfondie, en face à face avec un professionnel qualifié, un médecin par exemple.

Le BAT a été développé par des chercheurs l’Université KU Leuven, en Belgique.

Ils proposent pour l’utilisation en entreprise d’utiliser le nom « enquête sur l’expérience de travail » ou « enquête sur le bien-être », pour éviter la connotation parfois lourde du mot burnout. A noter que pour un usage professionnel en entreprise, cette enquête est soumise à des droits d’auteur.

Comment ça marche ?

Il y a deux formats :

  • complet (23 questions),
  • court (12 questions, celles avec les astérisques (*) )

Je recommande la version courte si vous l’utilisez en équipe (comme baromètre interne) et la version longue si vous le faites individuellement ou avec vos proches (échange plus approfondi).
Prenez un moment au calme. Répondez avec sincérité. Ce test,  c’est un miroir, pas un jugement.

Faites le test – auto-évaluation :

Les questions couvrent 4 grands symptômes, plus 2 secondaires.

Voici le test complet.

Pour la version courte prenez uniquement les questions 1,3,4,9,11,13,14,17, 18,19,20 et 22.

Chaque question se note de 1 (Jamais) à 2(Rarement), 3(Parfois), 4(Souvent), 5 (Toujours).

1. L’épuisement

Q1 Au travail, je me sens mentalement épuisé(e)*

Q2 Tout ce que je fais demande beaucoup d’effort

Q3 Après une journée, j’ai du mal à récupérer mon énergie*

Q4 Je me sens physiquement vidé(e)*

Q5 Quand je me lève le matin, je manque d’énergie pour commencer ma journée

Q6 Je veux être actif(ve) mais je n’y arrive pas

Q7 Quand je fais des efforts, je me fatigue rapidement

Q8 En fin de journée, je me sens vidé(e)

2. La distance mentale

Q9 J’ai du mal à trouver de l’enthousiasme pour mon travail*

Q10 Je fonctionne en pilote automatique

Q11 Je ressens une forte aversion pour mon travail*

Q12 Je me sens indifférent(e)

Q13 Je suis cynique sur le sens de mon travail*

3. Les difficultés cognitives

Q14 J’ai du mal à rester concentré(e)*

Q15 J’ai du mal à penser clairement

Q16 Je suis distrait(e), j’oublie des choses

Q17 Je me déconcentre facilement*

Q18 Je fais des erreurs car j’ai l’esprit ailleurs*

4. Les difficultés émotionnelles

Q19 Je n’arrive pas à contrôler mes émotions*

Q20 Je ne me reconnais pas dans mes réactions émotionnelles*

Q21 Je deviens irritable quand ça ne se passe pas comme prévu

Q22 Je suis triste ou contrarié(e) sans raison

Q22 Je réagis de manière excessive, sans le vouloir*

5. Les symptômes secondaires

  • Troubles du sommeil, inquiétudes, stress, anxiété, panique
  • Palpitations, maux de tête, douleurs musculaires, problèmes digestifs
  • Tendance à tomber souvent malade.

Comment lire vos résultats ?

Vous calculez la moyenne de vos réponses.
Plus vous êtes proche de 5, plus vos symptômes sont intenses.

·       Vert (pas de risque de burnout) : 1.00 – 2.58.

·       Orange (risque présent) : 2.59 – 3.01 Soyez vigilant, ajustez vos priorités.

·       Rouge (risque très élevé) : 3.02 – 5.00 Stop. N’attendez pas, demandez de l’aide.

Parlez-en, ne restez pas seul(e)

Je vous propose de prendre du recul et de voir le résultat comme une photo de votre état actuel, ce n’est pas une sentence ou un diagnostic officiel. En d'autres termes un score de 4 ou 5 ne dit pas que vous êtes en burnout mais que si vous ne modifiez pas quelque chose vous êtes en risque de le devenir. Mais si vous êtes à 4 ou 5 je suis curieux de savoir comment vous êtes capable de continuer à ce rythme. C'est possible mais ...pour combien de temps ?
Ces questions vous aident à mettre des mots sur vos ressentis. À prendre conscience. Et parfois, c’est déjà le premier pas pour aller mieux.

Alors, et vous ? Etes-vous dans le vert vert, orange ou rouge ?

Le vrai enjeu au niveau individuel

Attention car un diagnostic fige
Je suis Gestalt-thérapeute et, dans ma pratique, je fais attention à ne pas figer, à ne pas enfermer la personne dans une étiquette.

Quand on colle une étiquette – « vous êtes en burnout », « vous souffrez de… » – quelque chose se fige. Le vivant se réduit à une case. Dans ce cas, vous seriez catalogué "malade" ou inapte. Ce qui, au départ, était un processus en mouvement devient une structure immobile. On ne voit plus une personne qui cherche, qui lutte, qui s’ajuste. On voit « un trouble ». Et cela enferme. Cela sépare aussi : d’un côté ce que la personne « est », de l’autre ce qu’elle « devrait être ». Cette division intérieure, loin d’aider, fragmente encore plus. Le diagnostic classique enferme ainsi dans un rôle – celui du « malade » – sans prendre en compte la richesse de l’interaction avec l’environnement. Pour moi le burnout est la meilleure réponse que la personne a trouvé pour survivre à son environnement. Pour certains cela revient à dire "comme je ne peux pas changer mon environnement, alors je me mets out". Cependant comme cette réponse crée de la souffrance, il y a nécessité de trouver des ajustements et de l'"autre c'est à dire de nouvelles possibilités pour vous en sortir.

Je me souviens il y a quelques années j'ai développé une allergie qui m'a obligé à me faire hospitaliser un jour et une nuit. Cela a été pour moi un moment de grand repos et très agréable. Je me suis rendu compte que je pouvais regarder Netflix tranquille, sans remord et annuler tous mes rendez vous de la semaine et ceci en toute bonne conscience car la vie ne me donnait pas le choix. Mon corps avait choisi ce que ma tête ne me permettait pas, du repos. Faut il passer par des hospitalisation pour faire des choix et se reposer ?

La curiosité - de l'interaction entre la personne et son environnement
A ce moment je suis curieux avec vous de chercher et prendre une autre voie. Cette posture est curieuse non pas du « pourquoi », mais « comment ». Comment la personne entre-t-elle en contact avec ce qui l’entoure ? Comment fait-elle face, ici et maintenant ? Cette approche, phénoménologique et descriptive, garde vivante la réalité de la rencontre. Elle repose sur l’idée que l’individu et son environnement ne sont pas séparés mais forment un champ unique. C'est ce que j'appelle la théorie du champs. Nous somme toujours en interaction et indissociables de notre environnement. Notre corps n'est pas seul et il se forme du contact en permanence. C’est dans cette frontière de contact que tout se joue : la souffrance, certes, mais aussi les ressources et la possibilité de changement.

Une posture responsabilisante
Dans cette perspective, je ne vois pas donc pas les symptômes comme des défauts à réparer. Ils deviennent des ajustements créateurs, les meilleures réponses trouvées à un moment donné pour survivre ou s’adapter. Et oui, ces réponses peuvent être devenues rigides, inadaptées aujourd’hui. Mais les regarder avec curiosité et respect, c’est ouvrir un chemin. Car cette posture redonne à la personne en souffrance la possibilité de trouver en elle-même – et dans son environnement – de nouvelles manières d’agir.

Plutôt qu’un verdict qui enferme, je propose une exploration qui libère. Et c’est là que le changement peut émerger, naturellement, de façon organique et authentique.

Le vrai enjeu au niveau collectif

Créer des environnements où il devient acceptable de parler, d’écouter ce qui ne va pas, où il est soutenable de lever le pied, et normal de demander de l’aide pour pouvoir créer une performance durable.

J'ai en tête un ami qui souffre au travail et qui ne dit rien à son entourage professionnel. Dans son environnement, en restructuration récurrente, parler est un signe de faiblesse et pourrait être perçu comme une remise en cause du système. Il me dit que son chef est un ordinateur avec un corps d'humain... Alors les gens se taisent et parfois la machine a café est le lieu des solidarités et d'échanges. De retour à son poste il montre une attitude professionnelle en chemise blanche. J'ai peur pour lui.

Avant de déterminer les actions possibles au niveau des équipes et des individus, je vous propose de prendre un temps pour analyser les racines profondes de cet épuisement ? Explorez les causes sociétales, organisationnelles et personnelles du burn-out.

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